Peut être est ce parce que je n'ai pas alimenté cette chronique tout au long de ce dernier trimestre mais ces trois derniers mois se confondent dans mon esprit pour en laisser un goût morose ,un temps qui file entre les doigt sans imprimer de trace ... l'agenda au jour le jour est invariablement le même ... je ne préfère donc pas comptabiliser toutes les heures consacrées à l'accompagnement de Francois tant pour tenter de sauver les affaires que pour répondre aux approximations fallacieuses de celle qui convient désormais d'appeler Marie Laure de Conti. J'ai bien conscience de ne pas réussir à rester neutre sur ce sujet mais je trouve tellement décevante son attitude qui ne la grandit pas. Quant à la survie des deux affaires, seule la vente de l'une aurait pu régler le problème, et on y a cru tout au long du mois d'octobre mais depuis le 14 décembre, on sait que cela ne se fera pas et là encore, on peut dire merci Marie qui par ses propos a plus fait fuir les potentiels acquéreurs qu'autre chose ... alors et pour contrer cette vente aux enchères du matériel demandée par la bailleresse (dont on cherche encore le sens) il ne restera que la solution du redressement judiciaire. Comment à cette perspective ne pas être renvoyée plus de 50 ans en arrière avec le traumatisme de toutes ces années de galère qui ont laissé une trace plus profonde que je ne pouvais le penser; certes les temps on changé et ce qui pouvait être considéré comme "honteux" ne l'est plus du tout et même peut être assimilé à une bonne mesure de gestion mais tout cela se téléscope avec des souvenirs tellement désagréables. Ecrire cela me renvoit à l'image de ma mère assise au bureau de la boucherie en train de faire de petites enveloppes pour chacune des dépenses de fonctionnement : comme à l'époque , chaque opération des CPP (cela ne s'appelait pas encore la banque postale ) donnait lieu à un relévé, nous avions plus d'enveloppes que de sous à mettre dedans ! Je ne vais pas redérouler le film de l'époque car, bien trop jeune, il me manque des séquences et j'ai pris le train en marche mais contrairement à la situation actuelle qui certes doit beaucoup à un enchainement de facteurs à commencer par la séparation de François et Marie ( Jean Francois a su si bien me le rappeler : commerce et divorce ne vont pas bien ensemble), le covid et la guerre en Ukraine , mes parents sont largement responsable de ce qui leur est arrivé : mon père parce qu'il était un dispendieux congénital ( et il l'aura été jusqu'à la in de sa vie) et ma mère, incapable de s'imposer face à lui et de prendre en main la gestion de cette affaire, n'a pas réussi à dépasser le schéma qui voulait qu'une femme remette son sort entre les mains de son époux ; quand enfin, elle s'est réveillée, c'était trop tard . Je ne la blâme pas car elle n'était pas en capacité de s'opposer à lui et puis, il était certainement plus confortable de croire mon père quand il disait " ne t'inquiète pas " que de chercher à creuser le pourquoi des choses. Sauf que cela s'est écroulé d'un coup, en tout cas, moi c'est ainsi que je l'ai vécu : un soir à table ( je crois même que c'était un jeudi soir) papa a dit " demain vous ne partirez pas au ski comme prévu" et pour qu'il dise cela comme cela, c'est surement qu'il y était acculé ...et en tout cas , c'est comme cela que je l'ai appris et du coup, mon petit monde confortable s'est écroulé ; il n'y avait plus de trésorerie , plus de "crédit" ni auprès des fournisseurs qu'il fallait payer au cul du camion, ni auprès de la banque, ni auprès de personne en fait ... alors un jour, le camion n'a pas déchargé la marchandise et le magasin a fermé ... fin de l'histoire ; à vrai dire pas tout à fait fin de l'histoire car, mais de cela, je n'ai pas de réels souvenirs" le réglement judiciaire a du être prononcé et le commerce a repris vaille que vaille sans personnel ou si peu et chaque sou était compté . Notre vie que je ne trouve déjà pas bien drôle est devenue franchement sinistre mais j'étais jeune et j'avais la perspective de quitter la maison pour aller à la fac, alors jai surement moins mal vécu qu'eux ce déclassement social. Il y avait probablement beaucoup d'apparence dans leur mode de vie et je pense que mon père se racontait beaucoup d'histoire car leurs" amis " n'en étaient pas et d'ailleurs on ne les a plus revus,qu'ils n'étaient pas vraiment intégrés à la "bonne société vitelloise " ; ma mère devait en souffrir mais encore une fois, bien trop jeune pour le comprendre, je n'ai réalisé tout cela que bien plus tard . La vie de commerçant est finalement curieuse : pas de temps pour quoi que ce soit (et je l'ai bien vu chez les parents de Gérald) même pas pour profiter de la réussite quand il y en a (et de toute manière ne pas en faire état pour ne pas susciter les jalousies) et quand la réussite n'est pas au rendez vous : une vie de galère.
Cinquante ans après, finalement, peu de choses ont changé ... Francois paye la farine pour être livré et on déshabille en permanence Pierre pour habiller Paul .... et moi aussi j'entends " ne t'inquiète pas " mais justement c'est là que je m'inquiète car je ne vois pas très bien comment peuvent évoluer favorablement les choses. Le contexte artisanal de Podensac n'est plus porteur et sauf à totalement se réinventer, je ne vois pas comment la situation pourrait se redresser. Alors comme la réussite n'est pas au rendez vous, c'est une vraie vie de galère pour François qui ne profite de rien, n'a le temps de rien et n'a même pas la perspective de jours meilleurs .
Ce constat bien amer d'une situation qui s'impose à moi à l'insu de mon plein gré ne saurait malgré tout faire oublier quelques petites bulles agréables du dernier trimestre
Une sortie SHG dans le Gers : programmée bien avant l'été, la question pouvait se poser quand quel état nous allions trouver les jardins visités . Avec le recul, je me demande bien pourquoi je m'étais inscrite à ce sejour, puisqu'à part le jardin de Nancy à Roques
que je ne connaissais pas et que nous avons visité à toute vitesse, retardé comme de coutume par un repas qui n'en finissait pas de finir , je connaissais tous les jardins et même pour certains, visités plusieurs fois . Bref, une expérience à ne pas renouveler !
et puis pour marquer le 14 septembre, une journée et un déjeuner à Eyrignac que je n'ai pas vu au mieux de sa forme car en dépit de tous les moyens déployés, le jardin portait les marques de la sécheresse incroyable de cet été 2022 mais les tailles, retardées pour les mêmes raisons, lui enlevait un peu de sa rigidité
Petit supplément imprévu, un tour à Cadiot , un des premiers jardins visités il y avait des années avec Gérald et les Boissier ... Pour marquer le 14 septembre,c'était une visite souvenir bienvenue ... je ne porte plus le même regard sur les jardins et du coup je n'arrivais pas à me souvenir de l'impression que m'avait laissé le jardin : de toute manière ,un jardin étant en perpetuel mouvement, je ne pouvais l'apprécier que dans son état actuel et , bizarrement, à part peut être le sous bois, il ne m'a pas laissée ébahie ... L'avais je été il y a 25 ans ? je ne m'en souvenais plus .
Au mileiu du chantier cuisine
Une petite virée à Conty pour souhaiter "happy birthday, Mister the gardener "
le troc de plantes au chateau de Saint Privat des Près où je suis tout de même revenue avec deux arbustes et un chêne; les arbustes viennent de chez Isabelle Laan à Sautet (excusez du peu!) mais ce n'est qu'en arrivant à la maison que je m'en suis aperçue en regardant le dos des étiquettes;
un après midi à la Souloire où Maurice Laurent donnait une conférence ... dommage les couleurs d'automne n'étaient pas au rendez vous
une tempérture exceptionnellement clémente , tellement que la première fois depuis que je vis ici, je n'ai pas encore allumé ni le chauffage ni fait du feu dans le poêle ; par contre j'ai bricolé tout le mois en short
audrieu pour fêter les 5 ans de Suzanne
finir le séjour en beauté, en cassant un cardan en allant rechercher le chat , juste devant chez lui ... il s'en est fallu de peu car le rendez vous était pris chez le garagiste
et quand même passer la maison en mode Noel, d'autant plus que cette année, tout le mode sera là et même François qui n'ayant plus rien à perdre ,prendra le temps de rester en famille
mais ces plaisirs ont été entrecoupés de journées où les préoccupations concernant l'Atelier Sucré et la Fabriq l'ont emporté sur tout le reste et notamment sur le jardin qui de plus n'a pas répondu à l'appel de l'automne et constater à l'occasion du chantier cuisine qui n'en finissait pas de finir que ma productivité était au ralenti n'a pas été des plus réconfortantes; bref un automne en demi teinte qui ne laissera pas de grands souvenirs : pas de belles balades, pas de foire aux plantes, pas vraiment de jardin mais beaucoup d'heures derrière un ordinateur pour essayer de freiner la dégringolade et beaucoup d'heures à ruminer cela !
